Commerce spécialisé : bilan de l’année 2018
Pour le commerce spécialisé, l’année 2018 aura été un véritable échec. La Météo contraire, les grèves de la SNCF au printemps ainsi que le mouvement des « gilets jaunes » ont été néfastes pour l’attractivité du commerce.
Procos, Fédération pour la promotion du commerce spécialisé, publie le 18 janvier un bilan lourd. L’activité des magasins aurait reculé de 2,6% au cours du quatrième trimestre 2018, elle est en baisse de 3,3% sur la totalité de l’année.
« Seuls, deux mois, avril et surtout octobre, auront été dynamiques », note Procos.
Le reste de l’année s’est avéré négatif
Le mois de février a subit un recul d’activité de 5,2%, le mois de mai n’y échappe pas et subit, une baisse nette de 4,8%. Pour les derniers mois de l’année, septembre est en chute libre avec une baisse de 11%, novembre avec 6,8% ainsi que les ventes de décembre qui ont elles reculé de 3,9%.
Procos cite aussi « que l’impact sur le chiffre d’affaires a été réduit par la mise en place de ventes privées très dynamiques avec de fortes baisses de prix dès le lendemain de Noël. De ce fait, à cette baisse de chiffre d’affaires s’ajoute une dégradation des marges. »
La fréquentation des magasins a chuté de 6,7%, en 2017 de 2,5%, on ne peut alors que se demander à quoi s’attendre pour les années prochaines.
Le commerce spécialisé garde néanmoins espoir pour 2019
Malgré cette année morose, le commerce spécialisé mise sur la hausse annoncée du pouvoir d’achat et croise les doigts pour relancer le marché.
Procos aimerait que « les soldes permettent de reconstituer les trésoreries des commerçants, de réduire les stocks et que les Français choisissent de consacrer une partie des hausses du pouvoir d’achat à la consommation ».
Pour l’année 2019, de nombreux chantiers sont prévus, Procos identifie trois des dossiers les plus prioritaires : la fiscalité, la modernisation du commerce de périphérie, l’établissement d’une charte de relation avec les bailleurs.
La réforme de la fiscalité du commerce
D’après Procos « C’est le dossier ‘Priorité numéro 1’ pour le modèle économique et social du retail de demain ». Ce dernier réclame un sytème équitable entre les canaux de ventes. La Fédération estime que la fiscalité ne doit pas se servir principalement dans le foncier, le local ou le magasin. Cela a pour conséquence de privilégier le e-commerce ce qui est nocif pour la concurrence.
« La taxe GAFA appliquée en France à compter du 1er janvier 2019 ne porte que sur les revenus et les recettes publicitaires », déplore par ailleurs Procos. « De quel montant parle-t-on ? 500 millions d’euros. Les Gafa seraient trop contents que la mise à plat s’arrête là ! Un acteur tel qu’Amazon, en tant que plateforme de vente, n’est pas concerné par cette taxe. »
Une discussion sérieuse sur la fiscalité avant la réforme de la fiscalité locale est réclamée par Procos. La fédération ne veut pas que le grand débat national entraine une augmentation de pression fiscale sur le commerce.
Le commerce moderne dans les périphéries
Les zones de commerces sont considérablement affectées par la baisse de fréquentation, dans les centres villes : le pourcentage est de -3,9%, les périphéries n’y échappent pas avec un taux de -2,9%.
Ces facteurs induisent une indispensable réinvention du modèle retail et des lieux de commerce, principalement des centres commerciaux. Procos a parmi les chantiers, les périphéries en tête. Ces dernières sont de plus en plus laissées de côtés par les citadins et trop concurrencées par le e-commerce.
« Il faut réfléchir à la modernisation de ces zones et à leur adaptation au commerce de demain : créer des outils adaptés, mobiliser les acteurs publics et privés, développer des tests pour faire émerger de nouvelles pratiques. Après les centres-villes, c’est un dossier majeur auquel il va falloir se consacrer sérieusement. »
Le e-commerce représente aujourd’hui plus de 22,9% de la distribution retail, le tout intégrant les livraisons, le click and collect ainsi que le drive. Magasins et centres commerciaux se doivent de se réinventer, réfléchir à leurs offres, leurs prix ainsi que l’expérience proposée à la clientèle.
Établir une charte avec les bailleurs, une solution ?
Procos veut réinventer les lieux de commerces, la relation entre les acteurs. Il propose une « charte des relations bailleurs-preneurs en centre commercial ». Il pointe notamment, les adaptations trop lentes des centres commerciaux.
« Il faut travailler sur de nouvelles répartitions de la valeur adaptées aux nouveaux contextes. Le poids de l’immobilier doit décroître alors qu’actuellement, il continue de croître. Laisser les choses perdurer ainsi n’aboutira sur aucune issue. »
Dans les prochains mois, Procos proposera aux bailleurs un document de travail.