Siec 2019 : L’immobilier commercial, un secteur en transition
Le 5 juin, le Siec, salon parisien de l’immobilier commercial, a ouvert ses portes. Les professionnels de l’immobilier se posaient de nombreuses questions : l’évolution de la profession est source d’inquiétude, entre une consommation très basse, la multiplication des rénovations, la concurrence du Web, la redynamisation des centres-villes, la densification des périphéries… Mais est tout de même palpable dans l’air un certain enthousiasme.
La fin de l’étalement urbain
C’est au Siec que les promoteurs immobiliers ont toujours eu l’habitude d’annoncer leurs futurs grands projets. Pourtant, ce qui est à l’ordre du jour pour le moment, c’est la rationalisation nécessaire à la bonne santé du secteur et qui est au coeur de chaque décision. On préfère privilégier, par exemple, les rénovations ou les agrandissements de bâtiments déjà existants, plutôt que de mettre en route de gros chantiers pour de nouveaux espaces commerciaux. On redonne ainsi de la vie à des espaces vieillissant, comme des centres commerciaux, en les rendant plus accessibles, en les adaptant aux nouvelles demandes. Le but n’est plus d’aller vers une consommation croissante ou même de pousser à l’hyperconsommation. Il s’agit désormais de proposer une offre beaucoup plus diversifiée. Jacques Ehrman, président du Conseil National des Centres Commerciaux, soulève la question de la réintégration des retails parks dans les espaces urbains : “ Nos zones commerciales sont sous-densifiées. A l’époque, nous construisions dans les champs, mais la ville nous a rattrapé. Donc il va falloir faire évoluer ces espaces pour en faire de vrais morceaux de ville, avec des logements, bureaux, service, résidences senior et étudiantes…”.
Il semblerait donc que le secteur de l’immobilier commercial soit dans une véritable phase de transition, un changement de cap qui doit se faire progressivement en s’adaptant aux nouvelles problématiques posées par des espaces urbains très développés. Cet étalement urbain arrive en bout de course, car il est freiné par la perspective d’une société plus écologique. On arrête d’étaler, alors pour faire du neuf, on change ce qui ne convient plus, et on densifie les zones déjà existantes. En créant des centres de gravité urbains plutôt que des centres commerciaux extérieurs, on limite aussi les besoins de recours à la voiture.
L’année dernière se décidait le Plan Action Coeur de Ville, ayant pour objectif de revaloriser les espaces commerciaux des centres-villes. Ce plan a porté ses fruits, et cette année au Siec, on entendait parler de nombreux Plan Locaux d’Urbanisme (PLU) à travers la France entière. Les municipalités ont des droits de préemption sur certaines zones commerciales, on interdit de remplacer les commerces par des services… Les municipalités sont investies d’une responsabilité, et doivent jouer un rôle auprès des commerçants en apportant de l’animation dans les zones commerciales.
Le passage au numérique
Parmi les adaptations indispensables des commerces pour répondre aux nouveaux besoins des consommateurs, on retrouve en tête la digitalisation. Le Siec a largement évoqué, le juin, la concurrence des e-commerces et la nécessité pour les commerces de passer au numérique. Avec Internet, le champ des possibilités s’étend de manière considérable pour un consommateur qui n’est maintenant plus forcé de se déplacer, puisque le produit peut lui être livré : une véritable crise pour les commerces, qui n’a pas été sous-estimée par les spécialistes ayant pris la parole à ce sujet.
La solution serait que chaque commerçant développe son propre e-commerce, ce qui n’est pas toujours accessible pour les plus petites structures, qui sont les premières touchées par le problème. Jacques Ehrman propose : “Si on se regroupe, ce qui se fait naturellement dans un centre commercial, mais qui peut aussi se faire dans un centre-ville, alors le centre commercial peut jouer un rôle de petite agence marketing digital et local”.
Comme on prêtait des rivalités entre commerces de rue et centres commerciaux, on prête maintenant une rivalité aux commerces physiques et aux e-commerces, qui, selon les diverses choses entendues au Siec, ne devrait pas être vécu comme une fatalité, mais comme une évolution dont on devrait tirer profit.