Commerce physique : les tendances des ouvertures suite à la crise sanitaire
Quel impact a eu le Covid-19 sur les tendances des ouvertures ? Après plusieurs mois de pause avec le confinement, les ouvertures reprennent. Dans un contexte de crise sanitaire et une situation économique compliquée, les enseignes de la distribution doivent repenser leurs concepts pour faire revenir les clients en magasin.
Parmi les projets qui voient le jour, une grande majorité a été conçue avant le confinement. Mais certains formats, qui avaient déjà un succès grandissant, continuent de se développer, comme le drive piéton. Une chose est sûre, le Covid-19 n’a pas condamné les magasins et boutiques physiques.
Contact humain et convivialité
La crise sanitaire a révélé l’importance du contact et du relationnel. En effet, les magasins étaient les seuls lieux de rencontre pendant la période de confinement. Certaines enseignes ont donc repensé leurs concepts afin d’y intégrer plus d’humanité, d’échange et de partage.
C’est le cas du Monoprix de Montparnasse qui joue la carte de la convivialité. Les 5 600 m² ont été réaménagés selon un parcours client, lui aussi complètement revu. En conséquence, l’offre de snacking et de repas à emporter est importante et la mobilité urbaine a été prise en compte avec une gamme d’accessoires pour vélos.
La singularité du magasin est sans doute la présence en son centre d’une “place publique” de 150 m² pour se détendre ou participer à divers ateliers. Le directeur est également présent sur les lieux deux fois par mois, à l’occasion d’une happy hour. Le sous-sol est dédié à l’alimentaire où se trouvent des stands qui valorisent les artisans et les métiers de bouche.
Cet esprit de marché d’antan se retrouve aussi dans le concept de l’E.Leclerc de Lillenium. Le magasin consacre 40 % de ses surfaces aux produits frais. Le bio y est à l’honneur avec un marché central dédié de 200 m², mais aussi une offre vrac de plus d’une centaine de références. Les producteurs régionaux sont eux aussi présents et mis en avant.
Accompagnement du client
La tendance est à la proximité avec les clients, donc aux magasins plus petits. Mais pour faire face à la concurrence du web, il faut proposer quelque chose de différent, apporter une valeur ajoutée au magasin. C’est ce que propose Ikea à Nice avec son point de vente de 300 m² pensé comme un “atelier de conception”. L’équipe se charge d’imaginer et concevoir les projets des clients. La relation client est au cœur du concept et se veut soignée et personnalisée.
Pour Decathlon et son concept d’offre modulable, l’accompagnement vendeur est également mis en avant. Le premier magasin du genre, appelé Decathlon DX, a ouvert à Villeneuve-d’Ascq. En réponse au confinement et aux comportements changeants des consommateurs, l’enseigne présente une offre saisonnière et entièrement renouvelable tous les trois mois.
Plus qu’une boutique, DX est vu comme un lieu d’exploration centré sur les produits et leur conception. L’attention est focalisée sur le client et ses besoins. Pour profiter des différents services, il faut être membre du programme de fidélité. Les membres peuvent par exemple profiter de Decat’go, un système de paiement où les produits sont détectés au passage des portiques et l’achat est validé sur smartphone. C’est effectivement une solution idéale en temps de Covid.
Technologie et automatisation
La technologie au service de l’expérience client, c’est possible. Alors que la tendance est au drive piéton, Carrefour va plus loin et ouvre le premier drive piéton robotisé dans le 14e arrondissement de Paris. Les courses se font sans intervention humaine : le retrait des sacs s’effectue grâce à un meuble robot. Plusieurs bacs de produits sont stockés à l’intérieur du robot. Au moment de récupérer les courses, ceux correspondant à la commande sont acheminés dans un tiroir de retrait.
Aucune présence humaine n’est requise mais un salarié est présent pour renseigner les clients et curieux, sans oublier de désinfecter les surfaces de contact. Le système est pour l’instant toujours en phase de test. En occupant seulement 12,26 m² au sol, ce drive piéton robotisé trouverait facilement sa place, même dans des espaces réduits.
Pour aller plus loin, la start-up Storlift est à l’origine du premier magasin 100 % automatisé en France. Cette boutique conteneur de 15 m² du nom de Boxy a été installée à Gennevilliers (région parisienne). Le fonctionnement est semblable à celui d’Amazon Go aux États-Unis : une supérette automatisée où il n’y a pas besoin de passer par la caisse. Via l’application, le client obtient un QR code à scanner pour entrer. À l’intérieur, des caméras et capteurs détectent la prise de produits du client. Il peut se servir et repartir, le ticket avec les produits facturés sera envoyé sur l’application. Autre point positif : les prix relativement bas pour un commerce de proximité.
Corners et flagships
Les corners restent un excellent moyen d’être visible et de valoriser ses produits. Le mois de septembre a ainsi marqué l’apparition de C&A dans les hypermarchés Géant. Si les discussions ont démarré avant la crise sanitaire, les projets ont été maintenus et semblent porter leurs fruits, bien qu’ils soient trop tôt pour en tirer des conclusions.
L’espace mode, autrefois occupé par Géant, est désormais aux couleurs de C&A et de ses collections, à l’exception de la lingerie, toujours dans les anciennes gammes. Ce type de corner hybride se retrouve par exemple au Géant de Villefranche-sur-Saône.
Valoriser son image de marque, la marque Nike sait faire. Après Shanghai et New York, c’est à Paris que s’installe une “House of innovation”. Nike poursuit sa stratégie de flagships où tout est fait pour en mettre plein la vue et offrir une expérience immersive.
Malheureusement, avec la crise sanitaire, l’expérience est beaucoup moins spectaculaire que prévue. Pour l’instant, la version française ne possède pas de terrain de football ou de basketball comme c’est le cas à New York. Toutefois, le rez-de-chaussée est actuellement inaccessible et sera certainement révélé pour de futurs projets. Reste à savoir quand les conditions seront réunies.